•                                  Voleurs de poubelles

    Lundi 16 /04/2009,

                      Comme à notre habitude, nous récupérions de la nourriture dans les containers à poubelles du supermarché inter de Quissac (2 cagettes de fruits et légumes divers, des produits laitiers, périmés du jour, yaourts, crèmes fraiches, fromages secs …) en tout, six cagettes de produits tout à fait consommables, malgré la date limite de consommation.

                      Quel ne fut pas notre surprise lorsqu’ en sortant du local, nous nous retrouvons encerclés par quatre gendarmes, dont un tout excité, qui nous braque avec son arme, en nous ordonnant de nous coucher à terre .Calmement, nous posons nos cagettes de récup, et tentons de les raisonner, en leurs montrant bien que nous ne faisons rien de mal, si ce n’est sauver de la nourriture, avant qu’elle finisse  dans des incinérateurs , ou des broyeurs.

    Le gendarme au pistolet menotte quand même l’un de nous. On leurs explique notre position et la raison de notre action  (contre le gaspillage, convaincus que notre démarche, est bien moins condamnable que celle des patrons de supermarchés, qui interdisent, la récupération des denrées périmées, voir qui mettent de la javelle dans les containers).

    L’un des gendarmes, nous dit qu’il en a « «rien a foutre des problèmes de la société que tout ce qui l’intéresse c’est son chèque à la fin du moi, et que de toute façon, il n’ est pas français  et qu’à l’heure actuel, il préfèrerais être chez lui à regarder la télé. »

    Ils nous fouillent, nous lisent nos droits, appellent une autre équipe, car ils n’ont pas assez de place dans leurs véhicules pour nous embarquer.

    Ils font une perquisition, du camion, avec lequel on est venu.

    Un troisième véhicule arrive, vitesse excessive et gyrophare en marche

    Nous sommes maintenant entourés par 7 gendarmes, des brigades de Sauve et Quissac.

    Ils ne peuvent pas nous emmener tous à la même brigade, car pas assez de cellules pour 3 gardes à vus.

    Je suis invité à mettre les mains sur le capot d’un  des véhicules, nouvelle fouille, puis mains dans le dos et menottes.

    Je m’installe donc dans la voiture qui vient d’arriver de Sauve, sans ceinture, car menotté.

    On arrive à la brigade en ayant une fois de plus dépassé allègrement les limitations de vitesse.

    Une fois dans la brigade, on m’installe sur une chaise et on m’enlève les menottes (pas mécontent, car ce n’est pas des plus confortable)

     

    Le gendarme P….. Ludovic s’occupe de moi et va prendre ma déposition.

    D’après lui demain matin le procureur devrais vite nous faire sortir.

    Ma déposition est simple, mon seul tort et d’avoir enjambé le portail du local à poubelle, afin d’ouvrir à mes camarades. Ensuite je ne considère pas être un voleur, étant donné que ce que nous prenons était de toute façon condamné à finir détruit.

    Fin de la déposition, je passe la nuit dans la cellule (pas d’eau, pas de manger)

    Réveil mardi matin. On ne va pas retrouver la liberté tout de suite, les gendarmes veulent faire une perquisition sur le terrain qui nous est prêté,  où nous vivons en camions. Le maire de Sauve, ainsi que le gérant du supermarché sont conviés à la visite de notre campement.

    Ils cherchent des objets volés.

    Rien de reprochable n’a été trouvé, pourtant la garde à vu se poursuit.

    En début d’après midi, on nous invite à manger .Non merci.

    Ils veulent nous prélever notre ADN, nos empreintes, et faire une petite photo souvenir, en tant que personnes soupçonnées de crime ou de délit  (« soustraction frauduleuse de denrées alimentaires, par escalade, en réunion »)

    Je refuse absolument de me soumettre à ce prélèvement, considérant que je ne suis pas un criminel, et que je ne veux pas être fiché en tant que tel, et risqué de me voir accusé de je ne sais quel autre délit, sous prétexte que j’ai perdu un cheveu, sur le lieu de ce délit une semaine avant. Sachant qu’une tel procédure, coûte 400 euros par prélèvement, et qu’avec une tel logique on va finir par pucer tous les gamins un peux trop turbulents, sous prétexte qu’ils risquent de nuire à la société, et qu’il faut les surveiller.

    Le gendarme P…., me dis que je suis un anarchiste, et que si les lois françaises ne me plaisent pas, j’ai qu’a partir, ou alors me présenter à la présidence (il m’a pris pour Coluche).

     Il me dit aussi qu’il regrette son ancienne brigade, où dans ce genre d’affaire, ils intervenaient à quinze, et frappaient avant de discuter.

     Je refuse de signer  une des parties de la déposition, ou mes propos ont étés déformés.

    Il me dit aussi qu’il commence à en avoir marre de moi, et qu’il a autre chose à faire, de toute façon il va m’envoyer en maison d’arrêt, vu que je fais la forte tête.

    En attendant retour dans la cellule, jusqu'à la fin de l’après midi, où on vient me chercher. On me demande de plier mes draps. Maison d’arrêt ou liberté ?

    Le gendarme P…. fini ma déposition, .Il me donne aussi une convocation pour le tribunal correctionnel  pour le 29 octobre, pour refus de se soumettre aux opérations de prélèvement biologique(ADN) et au relevé signalétique (photos, empreintes).Il me dis qu’après cette convocation, fini la liberté, il s’occupera personnellement de moi !

    En attendant, il me relâche .

     

    Mercredi matin, on passe voir le directeur du supermarché, pour se  présenter, et essayer de trouver un moyen ensemble de ne pas gaspiller toute cette nourriture. D’accord avec nous, sur le principe, il va en parler à son supérieur, mais il pense sérieusement que l’on ne va pas pouvoir changer le system comme ça. On  verra bien !

     

    Jeudi, rendez vous avec le maire de Sauve, pour lui donner notre version de cette histoire, et tenter de négocier un peu de répit  avant de déménager le terrain.

    On voit tout de suite qu’il est vraiment gêné par cette affaire. Il nous apprend que lorsque les gendarmes l’on appelé pour venir faire la perquisition sur le terrain, ils lui ont dit que nous avions étés interpellés en train de voler dans le supermarché en pleine nuit. En oubliant de préciser que c’étais les poubelles que nous volions. Il semble scandalisé par cette histoire : finir en garde a vue, menottés, braqués, fichés, pour avoir récupéré de la nourriture dans les poubelles. Malgré cela, il nous demande de partir, ne pouvant plus maintenir la tolérance  que nous avions négociée  à notre arrivée (un arrêté préfectoral interdit  sur la commune  le stationnement de camions ou camping cars sur tous terrains, même privés.)

    Il craint en effet l'opinion public et ne souhaite pas se mettre en porte à faut par rapport à ces adjoints et la politique sécuritaire qu'il  demandé d'appliquer. Mais voyant bien qu'on ne peut pas partir comme ça, il nous laisse 20, 30 jours, voir plus pour quitter les lieux.

    On partira, mais, il faut nous laisser le temps de trouver un autre terrain.

     

    Vendredi matin, deux d’entre nous quittent le terrain, en chemin, ils croisent les gendarmes de Sauve et l’agent de police rural, qui viennent nous voir.

    Ils veulent savoir si on était en train de partir. On leur répond qu’on ne va pas partir comme ça qu’on a des choses à faire avant, et que nous ne bougerons pas sans un avis d’expulsion.

    Visiblement, il le prenne mal, ils vont s’occuper de nous personnellement et on ne va pas s’en sortir comme ça.

     

    Pour le moment, pas de nouvelles, on va retourner voir le directeur du supermarché dans la semaine, et continuer à informer les gens des communes alentours, lors de nos passages sur les marchés. On compte organiser un rassemblement la semaine prochaine, certainement un gros pic nique ou quelque chose du style devant la gendarmerie de Sauve.


    4 commentaires

  • Salut
    suite a nos petite aventures poubelistiques
    On aimerais organiser un gros rassemblement, avec un maximum de recup ( fringues, bouffe, bouquins...)
    On ferrais ça peut etre a nimes, ou ailleurs, a voir, mais en ville, c'est mieux, on touche plus de monde.
    Est ce que ça vous dis ?

    Tenez nous au courant, qu'on s'organise ça tous ensemble.

    5 commentaires
  • <!-- /* Style Definitions */ p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal {mso-style-parent:""; margin:0cm; margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:12.0pt; font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-font-family:"Times New Roman";} @page Section1 {size:612.0pt 792.0pt; margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt; mso-header-margin:36.0pt; mso-footer-margin:36.0pt; mso-paper-source:0;} div.Section1 {page:Section1;} -->

    CRIMINALISATION DE LA PAUVRETE

     

    Ce lundi soir 16 /03/09, à Quissac trois personnes ont été arrêté lors d’une récupération de nourritures dans les poubelles d’un supermarché.

    Le déroulement de cette arrestation fut complètement démesuré : braquage, demande de se mettre au sol, plaquage sur les capots des voitures, menotte, provocation…

    Elle s’est suivi d’une garde à vu, la  soustraction  de nourriture dans les poubelles étant considérée exactement au même titre qu’un vol.

     

    Au lendemain matin cette garde à vu a été accompagnée d’une perquisition sur le terrain privé qui leur est prêté.

    Rien de reprochable n’a été constaté .Malgré ça,  ils, se retrouvent  sommé de quitter les lieux au plus vite, ainsi que six autres personnes vivant sur le terrain.

    Pourtant il semblerait totalement absurde que qui que ce soit se fasse expulser de chez lui suite à un vol en supermarché.

    Ou même qu’un squat ne se voit menacer d’expulsion suite à l’arrestation d’un de ces occupants  pour  récupération de nourriture dans les poubelles…

     

    Aussi, la prise d’ADN désormais systématique à toute accusation et même suspicion (excepté pour les délits financiers !) est imposé au trois accusés. (Notons qu’un prélèvement coûte au contribuable 400 euros par fiches et que l’on comptait déjà 800 000 fiches par ans en 2007.)

    Soucieux de ce qu’implique cette nouvelle mesure au niveau des libertés de l’individu et de l’application de la justice, l’un d’entre eux refuse cette prise d’ADN.

    Il se voit alors convoqué au tribunal  de Nîmes le 29 octobre prochain pour ce refus considéré comme un nouveau délit…

     

    Au jour où les grandes surfaces jettent impunément des quantités hallucinante de nourriture en excellant état, et où la  récupération de ces déchets devient un délit, il devient impératif de se mobiliser contre ce gaspillage et cette criminalisation de la pauvreté.

     

    Mobilisons-nous contre la criminalisation de la pauvreté et le fichage systématique et généralisé. Rejoignez le comité de soutien des « voleurs de poubelles ! »


    10 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires